Déconstruire les idées reçues !
“Les migrations constituent depuis toujours un fait historique naturel, complexe, certes, mais qui est loin d’être une calamité pour les pays de résidence, et constituent un apport économique, social et culturel inestimable” (Charte mondiale des migrants proclamée à Gorée, Sénégal en février 2011)
Les médias et certains politiques véhiculent de nombreuses idées fausses sur les personnes migrantes, les raisons de leur départ du pays d’origine, leurs conditions de vie en France ou encore ce qu’elles perçoivent de l’Etat français.
Nous sommes là pour déconstruire ces idées reçues et donner une image réelle de qui sont ces personnes et ce qu’elles vivent au quotidien.
IL Y A
10 ANS
DEJA !
"Les migrants viennent chercher les aides sociales ?"
Pour que les étrangers “profitent” du système social français, il faudrait déjà qu’ils puissent y accéder. Le système français est complexe et semé d’embuches pour les personnes ne parlant pas parfaitement la langue française et n’ayant pas particulièrement une culture administrative. Pour accéder aux droits, encore faut-il les connaître!
La majorité des étrangers sur le territoire français travaille, ont des fiches de paie et sont assujettis à l’impôt, aux taxes et aux cotisations sociales sans bénéficier des droits qui y sont liés.
-
Pour toucher le RSA, un étranger doit avoir un titre de séjour et un travail depuis au moins 5 ans.
-
Pour toucher le minimum vieillesse, l’étranger doit être en France depuis au moins 10 ans.
-
Les allocations familiales ne sont versées que si l’enfant est né en France ou présent dans le cadre du regroupement familial et qu' au moins un des deux parents est en possession d' un titre de séjour valide.
-
Concernant les logements sociaux, les étrangers ne peuvent y prétendre que lorsqu’ils ont un titre de séjour.
Ils y sont proportionnellement plus nombreux que les français en raison de leur situation économique: 30% des ménages immigrés vivent en situation de pauvreté, contre 13% des ménages français (source: Indicateurs de l’intégration des Immigrés, 2015, étude OCDE). Les demandeurs d’asile ne peuvent travailler qu’au bout de 6 mois de procédure d’instruction de leur dossier, ne sont pas éligibles aux allocations familiales, aides au logement ou RSA et ne peuvent vivre qu’avec une pension versée par l’OFII : 200€/mois si la personne est hébergée en CADA à 300€/mois si elle n’est pas hébergée (montant pour une personne seule).
"Un migrant “économique” ou “climatique” n’est pas un “vrai réfugié”
Cette volonté de catégoriser les personnes migrantes ne tient pas compte des particularités politiques, économiques, géographiques des différents pays du monde. En effet, comment ne pas considérer qu’une extrême pauvreté ne représente pas un danger de mort ?
Les réfugiés climatiques ne sont pas reconnus car le climat n’est pas considéré comme un facteur de persécution et parce qu’à ce jour, la grande majorité des migrations climatiques sont des migrations internes (aux pays ou régions).
Les médias et les politiques ont tendance à trier les personnes migrantes en fonction des raisons de départ de leur pays d’origine. L’OFPRA conditionne d’ailleurs l'obtention du statut de réfugié à “toute personne craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques” ou encore “à toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté”. Pour la protection subsidiaire, il est fait mention de de l’octroi de ce titre à “toute personne dont la situation ne répond pas à la définition du statut de réfugié mais pour laquelle il existe des motifs sérieux et avérés de croire qu'elle courrait dans son pays un risque réel de subir l'une des atteintes graves suivantes: peine de mort, torture ou traitement inhumain, menace grave en raison d’un conflit armé…”
La prise en considération des problèmes écologiques actuels, du réchauffement climatique ne sont que peu visibles encore aujourd'hui dans la protection internationale des migrants environnementaux et climatiques. Pourtant, une décision récente (2020) du Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies a rejeté la demande d’un homme d'accéder au statut de réfugié climatique en Nouvelle-Zélande mais a reconnu que “l’obligation de non-refoulement tirée de l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques est susceptible de s’appliquer aux personnes qui ont quitté leur pays pour des motifs liés aux effets néfastes du changement climatique” (Louis Imbert, « Premiers éclaircissements sur la protection internationale des « migrants climatiques » », La Revue des droits de l’homme [En ligne], Actualités Droits-Libertés, mis en ligne le 04 mai 2020)
"Les migrants envoient tout leur argent à leur famille"
Ces flux représentent donc une véritable bouée de sauvetage en permettant aux ménages de financer des produits de première nécessité, la santé et l’éducation dans les pays d’origine des migrants. D’une certaine façon, ces transferts d’argent permettent à une immense majorité de personnes de rester dans leur pays et d’éviter la migration, dangereuse et déstabilisante.
Quelle que soit la raison de départ du pays d’origine, les personnes migrantes envoient effectivement une partie de leurs revenus (s’ils en ont) à leurs familles.
Contrairement à l’idée que cet argent est “volé” au pays d’accueil, ce système de remises (transfert d’argent vers les pays à faible revenu) excède depuis 2020 la somme des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement (source: Banque Mondiale).